Statues-menhirs du groupe corse

Les statues-menhirs du groupe du corse sont le groupe de statues-menhirs 02 le plus important de France de par leur nombre et les plus grandes du bassin méditerranéen. Elles constituent une des caractéristiques les plus spectaculaires du mégalithisme en Corse 02.
Description
Les statues-menhirs de Corse sont les plus grandes du bassin méditerranéen avec une hauteur moyenne d'environ 2,30 m. En tenant compte de la partie enterrée, une fois dressée, leur hauteur est alors sensiblement supérieure à celle d'un homme. Avec leurs formes régulières, elles évoquent aisément une silhouette humaine et « nulle part le terme de statues-menhirs n'est aussi bien adapté »[1]. Elles ont été sculptées en ronde-bosse 02 ou en bas-relief. Les caractères anthropomorphes sont peu nombreux. La tête est parfois confondue avec le tronc ou dégagée du tronc. Les visages sont très homogènes : les yeux sont en creux et le nez en relief, la bouche est systématiquement représentée. Elles sont asexuées[1].
Les attributs représentés sont rares. Il s'agit de représentations d'armes particulièrement réalistes (épée, poignard) qui constituent parfois le seul motif de décor de la statue (Pozzone, Palaghju, Apazzu Cauria n°5 à n°8) mais beaucoup de statues ne sont pas armées (Appriciani, Tarvo, tavera, U Scumunicatu, Nativu, Nuvallela, Pieve, Murtola). Leur répartition géographique et leurs caractéristiques morphologique et iconographique ont conduit à distinguer quatre sous-groupes , deux au nord (groupe de Nebbio et groupe de Sagone) et deux dans le sud-ouest de l'île (groupe du Taravo, groupe de Sartène)[1].
Les statues-menhirs du groupe corse n'ont pas été dressées de manière isolée mais en association avec d'autres mégalithes, près des sites d'habitat, en groupements ou au sein d'alignements mégalithiques en association avec de simples menhirs. Ces alignements mixtes sont souvent localisés près des voies de passage (gués, cols) ou en liaison avec des milieux humides (Renahju, Cauria, Apazzu, Palaghju)[1].
Les armes représentées sur les statues permettent de les dater d'une période comprise entre le Bronze moyen et le Bronze final mais les statues non armées pourraient dater d'une période plus ancienne comprise entre la fin du Néolithique et le début de l'âge du Bronze[1].
Galerie
I Stantari.
Statue-menhir de e Filitosa n°5
Statue-menhir d'U Nativu
Statue-menhir de Tavera
Théorie des Shardanes
Les travaux de Roger Grosjean ont contribué à l'essor de la théorie des Shardanes pour expliquer l'origine des statues-menhirs de Corse. Selon cette théorie, les statues-menhirs corses seraient les témoins du conflit qui aurait opposé la population autochtone à des envahisseurs, d'origine shardane, qui, après leur défaite vers 1 200 av. J.-C face à Ramsès III, se seraient dispersés sur les rivages de la Méditerranée, notamment en Corse et en Sardaigne, qu'ils auraient envahies. Selon cette thèse, les armements représentés sur les statues-menhirs de Corse seraient comparables à ceux figurés sur les bas-reliefs de Médinet Habou représentant la bataille navale entre Ramsès III et les Peuples de la mer. Les statues auraient été érigées par les envahisseurs ou par les autochtones pour célébrer leur victoire sur ces envahisseurs. Cette théorie qui a connu un grand succès ne résiste pourtant pas à une comparaison stricte entre les représentations de Médinet Habou et celles figurées sur les statues-menhirs corses, de surcroît la chronologie n'est pas concordante[1]. Gabriel Camps a ainsi démontré que les statues-menhirs ne pouvaient représenter des envahisseurs shardanes[2].
Notes et références
Annexes
Bibliographie
- André d'Anna, « Les statues-menhirs en Europe à la fin du Néolithique et au début de l'Âge de Bronze », dans Statues-menhirs, des énigmes de pierre venues du fin des âges, Vérone, Éditions du Rouergue, , 222 p. (ISBN 978-2-8126-0348-8), p. 166-169
- Gabriel Camps, « Statues-menhirs corses et Shardanes, la fin d'un mythe », Revue archéologique de l'Ouest, no supplément n°2, , p. 207-215
Articles connexes
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